« Babylon » : il était une fois Hollywood, capitale du péché (2024)

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Damien Chazelle brosse un tableau de la cité du cinéma dans les années 1920, au moment du passage du muet au parlant.

ParMurielle Joudet

Publié le 17 janvier 2023 à 06h00

Temps de Lecture 3 min.

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«Babylon»: il était une fois Hollywood, capitale du péché (1)

L’AVIS DU «MONDE» – POURQUOI PAS

Il y a quelque chose de toujours inquiétant à voir Hollywood se regarder dans le miroir, comme si l’industrie se dotait d’une conscience de soi mélancolique, pressentant la fin d’une ère. En2019, dans Once Upon a Time… in Hollywood, c’était Quentin Tarantino qui, à travers l’amitié entre un acteur de seconde zone et son cascadeur, filmait la fin d’un certain Hollywood. Rétrospectivement, cet éblouissant spectacle, incroyablement libre, avait quelque chose de performatif: un an après, la crise liée au Covid-19 plongera l’industrie dans un gouffre d’incertitudes et de restructurations dont on n’a pas encore vu le bout.

Quatreans plus tard, Babylon semble entretenir sa gémellité avec le film de Tarantino: même structure chorale suivant trois personnages qui tentent de se faire une place sous le soleil californien, mêmes vedettes – Margot Robbie et Brad Pitt – en tête d’affiche; choix de situer l’intrigue à un moment de bascule: ici, la fin des années 1920 et la transition du muet au parlant, qui transformera Los Angeles en mastodonte tentaculaire et hyper-organisé.
Avant tout, il s’agit d’abord de décrire un paradis: Babylon puise son énergie dans la frénésie de la période électrique où Hollywood était un terrain de jeu bohème et décadent, un refuge de saltimbanques partageant leur temps entre des fêtes dionysiaques et les tournages bordéliques qui semblaient les prolonger. Le titre s’inspire sans doute du récit sulfureux de Kenneth Anger, Hollywood Babylone (1959), portrait d’une capitale du péché se régénérant à coups de scandales sexuels et d’ambitions dévorantes qui se rétractent en destins funestes.

C’est – apparemment – sur la même note que joue Damien Chazelle, introduisant son film par une immense orgie dans le manoir d’un dirigeant de studio où, à tous les étages, les corps s’abîment dans un bain de luxure et de stupéfiants au-dessus duquel voltige la Steadicam – très vite épuisante – du cinéaste. Babylon emboîte les séquences comme d’imposants tableaux que traversent des parades felliniennes. A chaque fois, le même principe: la situation pourrit lentement, court vers la gueule de bois, révélant peu à peu son envers cauchemardesque.

Vision d’artiste

C’est dans ces enfers que se distingue une galerie de personnages: Jack Conrad (Brad Pitt), acteur vedette sur le déclin, Nellie LaRoy (Margot Robbie), starlette mal dégrossie, et Manny Torres (Diego Calva), jeune Mexicain rêveur. Ces deux derniers sont prêts à tout pour gravir les sommets. Tout comme le couple de La La Land (2016), Nelly et Manny ne s’allient que dans la reconnaissance mutuelle de leur arrivisme. C’est que, chez Chazelle, un personnage ne s’individualise que par un affect cardinalqui lui fait office d’unique bagage psychologique: l’ambition. C’est ce qui donne à ces récits l’apparence de froide compétition, à peine réchauffée par les attributs d’un genre.

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